Le bonheur selon Virginie Da Silva
Aujourd’hui, c’est Virginie Da Silva qui passe sous la loupe du bonheur ! Créatrice de Déclic, une entreprise de coaching professionnel, elle a réalisé que sa passion était l’accompagnement. Elle se décrit comme un être de relation et effectivement cela lui correspond plutôt bien ! Avec elle, on va donc parler de passion, de deuil, de bonheur, d’instant de grâce, … Si vous ne voyez pas forcément le lien entre tous ces sujets, restez là ! Il vous apparaitra comme une évidence à la fin de cette interview.
C’est, d’ailleurs, l’un de ses supers pouvoirs : elle a la capacité de simplifier les choses, même celles qui nous paraissent compliquées. Ce moment de partage avec Virginie est une grande bouffée d’air frais qui permet aussi de se sortir de la culpabilisation dans laquelle on peut facilement s’enfermer ! Bref, je vous promets un vrai moment de bonheur et je vous souhaite une bonne lecture !
Est-ce que tu peux commencer par te présenter ?
J’ai 41 ans et je suis parisienne d’origine. Je vis à Toulouse depuis 10 ans maintenant. Je suis mariée, maman d’un petit garçon de 9 ans et belle-maman de deux beaux-enfants de 17 et 19 ans. Civilement, voilà qui je suis ! Autrement, je suis quelqu’un de déterminé, joyeux, joueur. Mon mari dirait que j’ai du caractère ! Je suis aussi intuitive et connectée à mes émotions, mais également à celles des autres. Je suis reliée aux humains, ce qui explique le choix de mon métier.
Justement, est-ce que tu peux me parler de ton histoire professionnelle ? Comment es-tu devenu coach ?
Avant le coaching, je travaillais dans les ressources humaines ; plus précisément dans la partie recrutement et gestion de carrière. J’ai un master RH et j’ai baigné dans ce milieu pendant 15 ans, principalement au sein de grands groupes. J’ai adoré mon job et finalement, j’ai exercé l’une des fonctions les plus positives des ressources humaines. Mon rôle consistait à embaucher, intégrer et accompagner les collaborateurs dans leur développement professionnel.

L’arrivée de la quarantaine m’a bousculé, c’était l’heure du bilan. Je me suis demandé si mon métier était toujours en phase avec celle que j’étais à ce moment-là.

En parallèle, je n’avais aucune perspective d’évolution au sein de mon entreprise. J’avais aussi une charge de travail qui était en constante augmentation depuis les 3 dernières années. Cela m’a obligé à me focaliser sur la partie plus opérationnelle de mon job. Je délaissais donc l’accompagnement, que j’aimais tant, au profit des recrutements de masse.
À tout cela est venu s’ajouter la maladie de ma maman. Cet évènement m’a profondément bouleversé. Je me suis confrontée à tous ces questionnements autour de la vie et de la mort, au fait que nous sommes tous de passage, à la manière de rendre cette vie plus merveilleuse. J’ai accompagné ma mère dans ce combat pendant 14 mois et ça m’a permis de cheminer. Plus sa maladie prenait de la place et plus la conviction que je n’étais plus faite pour ce métier résonnait dans ma tête. J’ai alors quitté ce job pour entrer dans une nouvelle structure, pensant qu’une autre aventure m’épanouirait. Ce boulot s’est avéré être le dernier coup de pied aux fesses dont j’avais besoin. J’ai stoppé ma période d’essai au bout d’un mois et demi. J’ai dit stop. Ce fut mon déclic !
Et d’ailleurs, Déclic est né de ce déclic ! J’ai arrêté de travailler et je me suis concentrée sur moi. J’ai réalisé qu’accompagner les autres était ce que j’aimais faire par-dessus tout. C’est exactement ce que j’ai accompli pendant 15 ans et j’avais l’impression que je ne le faisais pas trop mal ! J’ai eu la conviction à ce moment-là que je devais développer quelque chose dans ce secteur. Ce qui est drôle, c’est que certaines personnes de mon entourage avaient prédit avant moi que je prendrai cette direction professionnelle ! J’ai donc entamé un master de coach consultant pendant 6 mois. J’ai à cœur de ramener l’être humain au centre de l’entreprise. On doit lui rendre sa juste place, c’est la plus belle machine avec laquelle on puisse travailler !
C’est important de le reconnaître, de le valoriser et le coaching apparaît comme un moyen d’investir sur l’humain. L’accompagnement est une réponse aux objectifs de performance, mais également à des objectifs de qualité de vie et de prévention des risques psychosociaux. C’est donc à mon sens un outil qui doit être utilisé. Je me suis aussi formée à la transition professionnelle. Cette spécialisation semblait être la suite logique à mes 15 années passées en ressources humaines. C’était important pour moi de lier le bilan de compétences au coaching : soit de structurer un projet professionnel, tout en travaillant sur les peurs et les blocages. J’ai donc décidé de m’installer à mon compte et de vivre de cette passion.

J’ai longtemps pensé que je n’avais aucune passion dans la vie.
J’ai mis 40 ans à réaliser que ce qui me faisait vibrer c’était la relation à l’autre. C’était si ancré en moi que je ne me rendais pas compte ! Lorsque je travaille, je me sens à ma place ! En coaching, on parle de l’alignement tête, corps et cœur. Cette notion décrit le moment où tu es en accord avec ta raison, tes sensations et tes émotions. C’est ce que je vis ! On me demande souvent en fin de coaching : « tu dois être crevé non ? ». Jamais ! Du moins pas par mon métier en lui-même. Lorsque je suis en séance de coaching, je suis en énergie haute. La balance entre donner et recevoir est équilibrée. Je ne ressens donc aucune fatigue à exercer mon métier. Je prends, au contraire, du plaisir à aider l’autre à se développer. Et puis, il faut aussi dire que ce métier est tellement gratifiant !
Au Japon, on parle de l’IKIGAÏ : c’est le point de jonction entre ce que tu aimes, ce que tu sais faire, ce qui peut te rapporter de l’argent et ce que tu peux apporter aux autres. Je ne veux pas faire l’apologie de la mission de vie ! Il y a une injonction autour de cette notion, ces dernières années, ce qui peut d’ailleurs provoquer du stress. On ne doit ressentir aucune pression à découvrir sa mission de vie. Je me dois aussi de rappeler qu’elle peut être toute simple ! Accomplir une chose dans laquelle tu te sens utile peut devenir ton IKIGAÏ ! Personnellement, j’ai trouvé cet alignement, tout en étant consciente que tout est changement et que rien ne dure. Ce chemin vers le coaching m’a beaucoup porté et particulièrement pendant cette période d’épreuve que j’ai traversé.

J’ai lu cette phrase un jour : « Le deuil est un don ».
J’ai mis très longtemps à la comprendre parce que la perte d’un être cher est surtout très dure ! Aujourd’hui, j’ai réalisé qu’il est don dans la mesure où il peut te transformer. C’est ce qui s’est passé pour moi ; je n’aurais sans doute pas fait ces choses-là si je ne l’avais pas vécu ou pas à ce moment-là, pas à cette vitesse-là et pas avec cette force-là. Je suis encore surprise par moment de voir l’évolution de mon entreprise et mon mari me rappelle souvent que ce n’est pas un hasard. Je le dois à mon travail et à ma volonté. Déclic est véritablement le fruit d’une transformation très profonde.

Quels changements as-tu mis en place pour devenir indépendante ?

C’est un changement que je n’appréhendais pas. Je suis indépendante et la transition s’est faite naturellement. La situation sanitaire m’a aussi aidé finalement. Je me suis retrouvée à travailler seule à la maison mais avec ma famille à côté. La métamorphose fut plutôt douce. Je suis heureuse d’être multicasquette. J’ai constaté que j’étais apte à tout mener de front ; c’est une facette de moi que j’ai découvert. Non seulement j’en suis capable, mais j’adore ça ! Je m’épanouis totalement dans ce statut d’entrepreneur. Ma nature sociable m’a aussi permis de ne pas m’enfermer. La seule chose qui pourrait éventuellement me manquer dans le salariat, c’est le relationnel avec les collègues, les instants de convivialité.
J’aime cette liberté d’organiser ma journée comme je le souhaite. J’ai désormais la possibilité de dégager plus de temps pour mon fils, pour mes activités personnelles… Le trajet travail-domicile ne me manque pas mais puisque je me déplace régulièrement chez mes clients en entreprise, je suis aussi fréquemment à l’extérieur.
Sans transition, qu’est-ce que le bonheur pour toi ?
Le bonheur est partout, tout le temps, dans des petites choses de la vie et il demande qu’à être vu. Le bonheur pour moi c’est cultiver la joie dans des moments très simples, comme un repas à la maison, un café qu’on va partager, un instant de rigolade. On ne sait pas de quoi demain sera fait et on se doit d’aller chercher ces petits moments de rien. Je me trouve chanceuse d’avoir cette vie. Mon bonheur c’est d’être auprès de ma famille et des personnes que j’aime. Ce sont des petits bonheurs simples. Le soir, j’aime me rappeler toutes les jolies choses que j’ai vécues dans la journée. La vie est cyclique donc il faut profiter lorsque ces moments se présentent.
Est-ce qu’il existe un secret au bonheur ?
Ce n’est pas un grand secret, mais je crois que notre regard sur le monde peut réellement changer la donne. C’est essentiel de voir le verre à moitié plein. En coaching, on parle de psychologie positive. Cultiver son mindset, apercevoir les occasions d’évoluer dans chaque épreuve. Ce n’est pas important de ne pas savoir comment être positif parce que c’est quelque chose qui s’apprend. C’est encore moins grave de ne pas avoir ce mindset tout le temps. Il y a des jours où on a envie de tout envoyer valser et c’est OK ! L’idéal est que ça ne dure pas longtemps. On peut toujours tout transformer ! J’ai la conviction que chaque épreuve peut déboucher sur quelque chose de positif.
Bien que le lâcher-prise soit la réponse à beaucoup de maux, il n’est pas facile à mettre en place.
Oui, c’est bien pour cette raison qu’on ne peut pas l’appliquer tous les jours. Ce n’est pas évident de lâcher prise et je ne le conseille pas non plus dans toutes les situations. Je préfère d’ailleurs le terme laisser aller, laisser couler, que lâcher prise. C’est plus doux. Ça incite, un peu plus, à ne pas trop s’agripper aux choses négatives. Ce n’est pas facile au début, mais on peut très vite en voir les bénéfices. Pour y parvenir, tu peux aussi te demander ce que tu as à gagner en lâchant prise ou à l’inverse ce que tu as à gagner en t’accrochant. C’est important de le conscientiser et parfois même de l’écrire. Et bien évidemment, tu peux aussi choisir de ne pas lâcher prise, parce que oui ça peut faire très mal si on n’a pas sécurisé le terrain en amont. Sans préparation, je ne le recommande pas forcément.

J’ai l’impression qu’il y a une injonction au lâcher-prise et surtout une tendance à pointer du doigt les personnes qui ne seraient pas dans de « bonnes » vibrations.
C’est OK de ne pas être dans de bonnes vibrations et c’est même normal ! Chaque émotion a une fonction : la peur te signale un évènement dangereux, la colère t’informe qu’on franchit tes limites, la tristesse t’alerte sur ta douleur et la joie t’indique que tu vis un moment de partage. Ensuite, derrière chaque fonction se situe un besoin caché : pour la peur c’est un besoin d’être rassuré, d’être protégé, pour la colère c’est d’être reconnu, entendu, respecté dans tes valeurs, pour la tristesse c’est d’exprimer ta douleur et parfois même le besoin d’être seul et enfin pour la joie, fonction et besoin sont très proches, car derrière cette émotion se cache un besoin de convivialité et de partage.
Finalement, il faut être gentil avec nos émotions parce qu’elles viennent toutes nous dire quelque chose.
Il est important de comprendre que tant que nous ne satisfaisons pas les besoins liés à une émotion, elle s’accrochera à nous. On peut donc dire merci de ne pas être bien tout le temps, ces moments nous permettent d’appréhender nos besoins. C’est ce qui nous différencie des robots et c’est aussi là ou Instagram peut être flippant. Les gens peuvent perdre pied à force de se comparer les uns les autres et à force d’être confronté à une apologie de la joie constante.
Qu’est-ce qui participe à ton bonheur au quotidien ?

Mon travail ! Ça va même au-delà de ça, c’est de voir les effets de mon travail sur mes coachés. Et puis, parce que je suis un être de relation, mon bonheur va forcément se trouver dans le partage. Il se définit chaque jour par le fait de croiser ma voisine pendant 10 minutes au coin de la rue, d’échanger devant l’école avec les autres parents, de discuter avec toi aujourd’hui. C’est finalement d’être dans la relation avec l’autre. Bien évidemment, mon bonheur c’est ma relation avec mon fils, mon mari, mes amis. Le partage me rend heureuse. Je pense à ce film « Into the wild », dans lequel à la fin le personnage principal réalise que la vie n’a pas de sens si elle n’est pas partagée. Cependant, j’ai besoin d’authenticité dans les échanges, je ne suis pas à l’aise avec le « small talk », les banalités. Je ne sais pas faire.
À quoi ressemble une Virginie heureuse ?
Une personne souriante ! Je suis une grande épicurienne. À l’instant où je suis heureuse, je suis légère parce que je parviens à vivre dans l’instant présent. Je suis une personne anxieuse et ce n’est pas toujours facile de laisser aller. Le bonheur c’est quand j’arrive à laisser couler, lorsqu’il n’y a plus d’heures qui tournent, il n’y a rien sur le feu, je suis juste là dans l’instant avec les gens que j’aime. Ce sont des instants de grâce. Ça me fait d’ailleurs penser à ce livre, Et n’oublie pas d’être heureux, de Christophe André qui dit : « Tout à l’heure des amis viendront pour déjeuner, nous boirons du bon vin et nous parlerons ensemble. À un moment, je me retirerai des conversations, le visage souriant et absent. Je prendrai conscience du chant des oiseaux, de la rumeur des insectes butinant les fleurs du jardin. J’observerai l’abeille sortant à reculons d’une fleur, toute couverte de pollen. Je penserai au miracle du miel. Je n’entendrai plus les voix tout autour de moi que comme des bourdonnements joyeux de bonheur, sans même avoir envie d’en comprendre le sens. ».

C’est ça le bonheur pour moi, c’est ce genre d’instant où tu perçois tout plus fort que d’habitude et où tu te sens merveilleusement bien. C’est fugace.
Est-ce que tu aurais un conseil à donner à un entrepreneur qui vivrait une période de doute ?

Je lui dirais de se remémorer ses réussites parce que c’est primordial de se souvenir de ce qui a bien fonctionné. C’est dans les moments où tout se brouille que l’on a tendance à parasiter notre objectif de base. Je recommanderais de se rappeler le pourquoi de ce choix et de valoriser ses talents, car c’est ce qui apporte la confiance en soi. Je lui dirais, ose ! Il n’y a qu’en ayant de l’audace, qu’on arrive à avancer. Personnellement, j’ai deux phrases qui m’aident à cultiver un mindset positif : « chaque réussite commence avec la volonté d’essayer » et, une phrase de Jacques Brel, « la qualité d’un homme se calcule à sa démesure. Tentez, essayez, échouez même, ce sera votre réussite. ». Et enfin, je lui dirais d’être factuel : lors des moments d’incertitude, il faut se forcer à se demander quelles sont les choses qui nous font concrètement douter. La réponse peut être surprenante !
Merci d’avoir lu cette interview ! N’hésite pas à laisser un commentaire et à la partager si le cœur t’en dit ! Tu peux retrouver les autres interviews bonheur juste ici :